La Cave du Prieuré

Millésime 2022 : chaud, sec et trop sec !

Les vins du nouveau millésime 2022 sont déjà disponibles. Jacquère, Jongieux Blanc, Chardonnay, Rosé et Roussette Altesse sont prêts à vous révélez tout leur équilibre et leur fruit ! Après quelques temps en indisponibilité retrouvez ces cuvées au caveau ou sur notre boutique en ligne. Venez également découvrir nos vins récemment primés au Concours Général Agricole ! 5 médailles, Or pour le Pinot Noir et la Mondeuse, Argent pour le Jongieux Blanc, Roussette, Marestel. 

Chaque année réserve son lot de surprise et rien n’est joué d’avance. Jusqu’au dernier jour de récolte, l’enjeu d’une année de labeur et de patience peut être anéanti ou sublimé. Revivez le millésime 2022 et ses grands moments dans ce flash-back.

À la suite de 2021 où le secteur viticole de Jongieux avait subi un épisode de gel historique au mois d’avril, le début d’année 2022 fut nerveux. Les vignerons redoutaient de nouvelles gelées. En réalité, les gelées jusqu’au 15 avril voir début mai ne sont pas surprenantes et tout à fait logiques pour le climat préalpin de l’avant pays savoyard. Ce qui l’est beaucoup moins ce sont les gros coups de chaud dès la fin février qui « réveillent » la vigne. Cette dernière perçoit les premières grosses chaleurs comme un réveil et sort de son repos végétatif trop tôt et subie les retombées de température les semaines suivantes. Fort heureusement pour ce millésime 2022 aucune vigne n’a souffert du gel.

L’ébourgeonnage ; premier gros travail printanier qui consiste à sélectionner les bourgeons fructifères qui se développeront, a commencé la première semaine de mai. Jusqu’au 1er juillet tout s’est déroulé très vite. La vigne a profité de ces deux mois ensoleillés pour pousser de façon exponentielle. La floraison qui a commencé le 20 mai s’est très bien déroulée et a duré une petite semaine selon les cépages et les expositions.

A partir de début août, l’acte II de ce millésime commença ! Les deux mois de juillet et août ont mis la vigne à rude épreuve avec de fortes chaleurs et extrêmement peu de précipitations. Les seuls millimètres d’eau tombés les 14 et 16 août n’ont pas suffi à pénétrer dans le sol mais ont seulement soulagé momentanément le feuillage et l’ont fait reverdir. Cinq traitements phytosanitaires sur les cépages blancs et six sur les rouges ont été nécessaires pour protéger la vigne des maladies cryptogamiques soit deux à trois traitements de moins qu’une année normale. Ces traitements sont toujours raisonnés et adaptés aux conditions du moment mais restent cependant indispensables pour protéger la vigne face notamment au mildiou et à l’oïdium : champignons spécifiques de la vigne ultras résistants et dévastateurs. Les vignes ont beaucoup moins poussé, l’entretien et les coupes de leur haie foliaire n’ont été réalisés que deux fois chose inédite. Au moins trois, quatre voir cinq coupes comme en 2021 sont normalement nécessaires.

Les vignes ne résistent pas toutes au manque d’eau et au coup de chaud de la même façon. Les observations faites lors de ces dernières années font ressortir des tendances. Les cépages rouges semblent moins souffrir de manière générale que les cépages blancs. Les jeunes vignes ainsi que les vignes aux enracinements peu profonds souffrent beaucoup. Les symptômes sont croissants et commencent par un retournement des feuilles sur elles-mêmes, une défoliation par la base de la végétation, une perte de couleur verte des feuilles, flétrissement des baies, blocage de maturité et enfin défoliation totale de la haie foliaire avec perte par dessèchement des baies.

Les vignes dans le côteau de Marestel ne sont pas celles qui souffrent le plus sur le secteur de Jongieux contrairement à ce que l’on pourrait facilement penser. Malgré leur exposition journalière quasi permanente au soleil, les vignes plantées sur ce terroir unique d’éboulis argilo-calcaire ont un enracinement profond ce qui leur permet de bien résister au manque d’eau et à la chaleur.  

Le cépage altesse est le plus sensible à la sécheresse. Rapidement au cours de cet été caniculaire les vignes d’altesse ont fait apparaitre des signes de souffrance plus ou moins marqués. Sur la commune de Lucey ; la partie septentrionale du Cru Jongieux, nous possédons 2 hectares d’altesse plantés en appellation Roussette de Savoie. Cette partie du vignoble plantée sur des marnes calcaires possède peu de terre. Le manque d’eau se fait plus sentir sur ces vignes-là plus que n’importe où ailleurs. Au 25 juillet des dizaines de ceps étaient déjà complétement défeuillées avec une perte nette de la récolte. Heureusement ces ceps ne meurent pas. Ils se mettent en blocage total et repartent au printemps prochain mais créent un véritable choc visuel dans le vignoble. (voir photo)   

Côté cave les vendanges ont commencé le 1er septembre et se sont étalées sur quatre semaines. A titre comparatif le millésime 2021 avait commencé le 23 septembre et le 2020 le 4 septembre. 2022 est à ce jour le millésime le plus précoce sur Jongieux après celui de 2003 où la sécheresse avait été plus importante et impactante et les premiers coups de sécateurs donnés dès le 23 août.

Pour ce millésime 2022, les cépages gamay, pinot noir et chardonnay ont été les premiers cépages cueillis avec des concentrations en sucres, aromatiques et couleurs élevées. Le jacquère est généralement le cépage que nous vendangeons en dernier avec la mondeuse. Ces deux cépages savoyards ont des cycles végétatifs et de maturations plus longs que nos autres cépages et ont besoin de plus de temps pour faire murir leurs raisins. Cette année nous avons enchainé par ces deux cépages et fini, chose inhabituelle, par le cépage altesse en appellation Roussette de Savoie et Marestel. Les précipitations tombées entre le 12 et 18 septembre ont permis de débloquer les maturités des altesses et d’obtenir une qualité inespérée suffisante.  

Les rendements en jus (proportion de jus extrait par rapport au poids de vendange) ont été de l’ordre de 10% inférieur à une année normale en raison d’une réponse physiologique normal de la vigne face à la sécheresse. Pour éviter le dessèchement et les pertes en eau conséquentes des baies, la vigne se protège en renforçant la peau des raisins. Les baies étant moins grosses du fait d’un manque d’eau et d’une peau plus épaisse ; le jus est en quantité moindre.

Les fermentations ont été lentes à cause de carences en azote mais se sont bien terminées. L’azote est un élément essentiel aux levures qui transforment le sucre en alcool. Les années de sécheresse, les jus ont de faibles concentrations en azote assimilable par les levures car le manque d’eau crée un problème d’assimilation de l’azote dans les sols et donc d’accumulation dans les raisins.

Dans quelques mois les premiers vins de ce prometteur millésime 2022 seront mis en bouteilles et nous livreront toute leur histoire. Concentré, Fruité et Equilibré sont trois qualificatifs que nous pouvons d’ores et déjà lui attribuer !

 

Photos :